Le fricot a été le mets principal des Acadiens de l’Isle Madame depuis le début de la colonisation jusqu’à la moitié des années 1700. Le fricot est une soupe épaisse faite de bouillon assaisonné de viande (poule, boeuf ou gibier), de légumes et d’herbes.

Les grandes familles acadiennes avaient de nombreux estomacs à remplir. Il fallait s’assurer que chacun soit bien nourri. Le travail physique de nos ancêtres dans les bois, dans les champs et à la pêche exigeait des repas nourrissants. Le fricot avait la vedette.

Le fricot était cuit dans un gros chaudron. Pour faire le bouillon, un peu de viande ou de gibier était déposé au fond du chaudron dans une petite saumure. La viande fraîche était rare à certains temps de l’année, et la viande salée était rationnée.

L’été, les jardins produisaient patates, navets, carottes, panais, oignons, choux, haricots et herbes en abondance, récoltés à l’automne. On remplissait alors les caves de ces légumes en prévision de l’hiver. Afin de s’assurer que les provisions durent toute la saison froide, il fallait bien gérer le choix des aliments entassés dans la cave.

Pour nourrir une nombreuse famille, un bon fricot de qualité exigeait une préparation longue et méticuleuse. Le matin, il fallait d’abord couper la viande en cubes puis la fricasser dans des « grattons » de lard. Ensuite, on versait de l’eau pour faire un bon bouillon. Pour un bouillon plus savoureux, on y ajoutait de l’oignon et on assaisonnait avec des feuilles de laurier, de la sarriette, du sel et du poivre. Depuis la veille, les légumes, coupés en dés, trempaient dans le gros chaudron.

Le fricot bouillait tout au long de la journée. Avant le souper, des petites boules de pâte (farine, sel, poudre à pâte et eau) appelées « poutines ou bordouilles » étaient déposées sur le bouillon, cuites à l’étouffée. Cette préparation épaississait le jus de cuisson.

L’arôme du fricot stimulait la faim et provoquait un sentiment de bien-être.

Les Acadiens étaient très reconnaissants des dons de la nature.

Sources bibliographiques

ARSENAULT, Georges, Noël en Acadie, Les Éditions La grande marée, Tracadie-Sheila, Nouveau-Brunswick, 2005.

CORMIER-BOUDREAU, Marielle et Melvin GALLANT, Le guide de la cuisine traditionnelle acadienne, Les Éditions de l’Acadie, Moncton, Nouveau-Brunswick, 1980.

CORMIER-BOUDREAU, Marielle et Melvin GALLANT, La cuisine en Acadie, Les Éditions de la Francophonie, Moncton et Saint-Nicolas, Nouveau-Brunswick, 2002.