La prospérité économique de l’ancienne Acadie a reposé en grande partie sur les aboiteaux. Grâce à cette ingénieuse technologie, de grandes étendues de marais ou terres d’alluvions ont été endiguées et asséchées et ainsi transformées en terres agricoles très fertiles qui produisaient d’abondantes récoltes de grains et de fourrage. Les aboiteaux protègent encore les polders néo-écossais de la baie de Fundy.

Le terme aboiteau a un double sens. Il peut signifier tout le système de canaux de drainage et de levées ou digues entourant le polder. Il peut aussi signifier la partie de la levée qui traverse un ruisseau menant à la rivière ou à la mer et au fond duquel on a placé une dalle ou écluse munie d’un clapet ou vanne qui s’ouvre vers l’extérieur pour laisser s’échapper, à marée basse, l’eau accumulée à l’intérieur du marais asséché et qui se ferme avec la pression de l’eau salée exercée par la marée montante. Le polder et la végétation qui s’y trouvent sont ainsi protégés des effets dévastateurs de l’eau salée.

Le système d’aboiteau a des origines françaises tout comme nos anciens acadiens, issus du Poitou, d’Aunis et de Saintonge, qui avaient hérité de traditions séculaires liées à la transformation de zones intertidales, et qui ont adopté les techniques d’assèchement aux marais salins de la baie de Fundy. Aujourd’hui, ces mêmes marais comptent parmi les terres agricoles les plus productives de la Nouvelle-Écosse. Toutefois, peu de descendants acadiens habitent ces régions alluviales qu’on a enlevées à leurs ancêtres en 1755.

Sources bibliographiques

CORMIER, Yves, Les Aboiteaux en Acadie, hier et aujourd’hui, Moncton, Chaire d’études acadiennes, 1990. 

LAVOIE, Marc, « Les aboiteaux acadiens : origines, controverses et ambiguïtés », Port Acadie, No 13-14-15, 2008 et 2009, p. 115-145.