Autrefois, vivant en région rurale isolée, les Acadiens de l’Isle Madame étaient privés des services de médecins. Et quand, plus tard, il y eut des médecins, les gens ne pouvaient pas se payer les visites. On recourait donc aux remèdes naturels pour les divers soins de santé et les accouchements. Ainsi, la sage-femme assumait le rôle d’accoucheuse et de guérisseuse.

Les sages-femmes concoctaient des remèdes originaires de France enrichis d’herbes indigènes d’Acadie et de potions micmacs. Elles faisaient elles-mêmes la cueillette de plantes médicinales pour préparer les remèdes naturels. Grand-mère Clémence, sage-femme et guérisseuse, quittait son foyer pendant des semaines afin de soigner les malades du village et d’accoucher les mamans. Le métier exigeait certaines connaissances, du dévouement et des sacrifices.

La médecine acadienne était accompagnée à la fois de dons naturels et de superstition. Les sages-femmes préparaient des médicaments non seulement avec des plantes mais aussi avec des produits d’animaux, tels le saindoux (gras de porc), mêlés aux plantes. La superstition faisait aussi partie de la vie. Par exemple, les chiffres 3, 7 et 9 étaient chanceux. Plusieurs remèdes étaient donc composés d’un mélange de trois ou de sept plantes, et se prenaient en neuvaine (pendant 9 jours). La prière aussi était importante pour la guérison, de même que les reliques, médailles religieuses et images saintes. L’huile de Sainte-Anne, l’eau de mai ou l’eau bénite pouvaient aussi accompagner les remèdes.

Les sages-femmes guérissaient de nombreuses inflammations physiques, et soulageaient les afflictions psychologiques, créant ainsi un mieux-être chez autrui. Les sages-femmes étaient les anges de la guérison et de l’espérance dans l’histoire de survivance du peuple acadien.

Sources bibliographiques

CHIASSON, Anselme, Chéticamp, Histoires et traditions acadiennes, Éditions des Aboiteaux, Moncton (Nouveau-Brunswick), 1992, p. 162–176.

CORMIER-BOUDREAU, Marielle, Médecine traditionnelle en Acadie, Éditions d’Acadie, Moncton (Nouveau-Brunswick), 1992, 2003.